Catherine Van den Steen, Portraits d’exil

Dernière mise à jour : 09 février 2024

Voyant l’Europe fermer ses frontières aux migrants, en 2015, au moment où elle-même découvrait La Chute d’enfer des Damnés peinte par Pierre-Paul Rubens, quatre siècles plus tôt, Catherine Van den Steen s’est aussitôt demandé : « Qui sont les “damnés” d’aujourd’hui ? Qui se condamne à la chute ? »

Pour le maître de la peinture baroque, par ailleurs diplomate, c’était probablement l’Europe repue, mais ravagée, à l’époque, par les guerres de religion…

« Aujourd’hui, ne serait-ce pas encore cette civilisation riche, entravée par tout ce qu’elle possède ? » se demande Catherine Van den Steen. « Peut-être avons-nous besoin de reprendre en considération ce que nous sommes ensemble : des êtres humains qui ont en eux les ressorts nécessaires pour envisager un avenir commun. »

« J’ai voulu dire que nous n’étions pas voués à la chute. Les migrants, parce qu’ils se sont mis en route pour s’arracher à la mort, au désespoir, à un enfer bien réel, nous montrent qu’il est possible de se relever, de remonter vers la lumière et j’ai eu envie de les rencontrer. »

De ces rencontres sont nés les Portraits d’exil, une série de portraits au fusain sur fond d’une inversion lumineuse et colorée de la Chute d’enfer, et un ensemble de témoignages consignés dans le livre éponyme[1] qui l’accompagne.

Pour le critique Paul Ardenne qui préface l’ouvrage, « l’image, dans les Portraits d’exil, offre la vision de corps rescapés en perfection : sauvés de leur condition d’exilés, destructrice, annihilatrice, mais mieux encore, ayant retrouvé leur place dans le cercle des humains ordinaires, libre de s’engager dans une vie ordinaire et non plus plombée et déterminée par la menace. L’exilé, chez Catherine Van den Steen, est debout, figure du Rising, du soulèvement. »
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Les temps-forts de l'exposition

Samedi 2 décembre à 17h : discussion publique

Avec comme invité.e.s Catherine Van den Steen artiste plasticienne, Paul Arden historien et critique d’art, ainsi que Béatrice Toulon journaliste, La Terrasse vous propose d’assister à une discussion publique tournée vers l’exposition Portraits d’exil de Catherine Van den Steen, présentée dans la Vitrine de La Terrasse, et le livre éponyme qui consigne les témoignages des 10 femmes et 10 hommes rencontrés par l’artiste. Des récits de vie, retraçant la trajectoire de l’exil et de l’installation en France, pour des questions qui demeurent obstinément d’actualité.

Entrée libre.

Une rencontre en collaboration avec la librairie El Ghorba Mon Amour, Nanterre.

Portraits d’exil est paru en 2022 aux éditions Buchet-Chastel, Paris.

  • Catherine Van den Steen vit et travaille à Nanterre et dans l’Eure-et-Loire. Elle est l’autrice du projet Portraits d’exil.

Entamée en 2021, la série Portraits d’exil a été réalisée en collaboration avec l’association Forum Réfugiés à l’occasion du soixante-dixième anniversaire de la Convention internationale pour les réfugiés signée à Genève en 1941 et pour l’anniversaire des quarante ans de l’association en 2022.

  • Paul Ardenne est historien, écrivain, critique d’art et commissaire d’exposition.

Collaborateur régulier de magazines comme ArtPress, Beaux-Arts Magazine, Archistorm, il a publié de nombreux ouvrages interrogeant l’art en son contexte de création et de diffusion.

Il rédige la préface de Portraits d’exil : « Rescaper, par l’image d’art, les humains ».

  • Béatrice Toulon est journaliste.

Elle a été rédactrice en chef des revues Studio Magazine et Phosphore, cheffe adjointe du service internationale du journal La Croix.

En 1997, elle a publié Noirs aux USA. La lutte pour l’égalité (Castermann, 1997).

Aux côtés de Catherine Van den Steen, elle recueille les témoignages de ces femmes et hommes du projet Portraits d’exil.